"Alors que de nombreux peintres depuis deux millénaires ne cessent d'interroger ce catapultage de symboles antinomiques qu'est l'Annonciation, il est étonnant de constater que ce thème à la problématique si proche du corps, soit quasi évacué de l'art chorégraphique. (...) Dans l'iconographie traditionnelle, Marie est souvent représentée dans un jardin clos qui symbolise sa virginité. Une similitude se dégage alors entre son espace intérieur et son environnement. L'intrusion de l'ange dans cet univers intime apporte avec lui l'annonce du bouleversement métabolique de son corps. C'est pourquoi, bien que - dans le texte - la Vierge exprime une soumission sereine à l'événement, de nombreux artistes lui ont donnée des attitudes exprimant le doute, l'inquiétude, voire la révolte. Cette simultanéité étrange entre soumission et révolte, cette déflagration de l'espace et du temps, nous signifient qu'au moment même où le message est délivré, le processus biologique de la fécondation est en route. On est en fait dans l'acte concepteur. Cette genèse, par glissements successifs, nous ramène évidemment au mécanisme même de la création artistique, le message passant du virtuel au réel."
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Chorégraphie et scénographie : Angelin Preljocaj Musique : Stéphane Roy (Crystal Music ) / Antonio Vivaldi (Magnificat) Costumes : Nathalie Sanson |
Ballet de l'Opéra National de Bordeaux, dans le cadre du programme Quatre Tendances / 3, novembre 2010 Lumières : Jacques Chatelet Choréologue : Dany Lévêque |